La Manufacture des montres et chronographes Pierce



La Manufacture des montres et chronographes Pierce


Pierce fait partie de ces importantes maisons horlogères dont l'histoire est quasiment inconnue. Pas de monographie à son sujet, pas d'information sur les créateurs et les dirigeants qui leur ont succédé, peu d'informations diffusées pendant la longue existence de l'entreprise et une période chaotique à la fin des années 1970 qui a sans doute vu disparaître l'essentiel des archives de l'entreprise.
Pourtant qui ne connaît le fameux chronographe Pierce ou l'étonnante montre automatique Pierce ? C'est que cette manufacture, farouchement indépendante, a su créer des modèles originaux et à prix serrés qui ont connu un succès considérable.

Pour essayer de tracer les jalons de la société Pierce il faut donc patiemment se replonger dans les revues professionnelles suisses à la recherche des multiples indices laissés par plus de 100 ans d'histoire.


Publicité de 1902

Pierce a été créé en 1883 à Bienne sous le nom Léon Lévy & Frères. C'est d'abord une Maison d'établissage puis une usine est construite à Moutier pour fabriquer des mouvements 1. En 1902 l'entreprise est installée au Rockall, Faubourg du Lac à Bienne. C'est une manufacture qui produit des montres cylindre, ancre et Roskopf. La marque Eclipse est utilisée à cette époque. En 1903 déménagement rue Neuve à Bienne et en 1905 l'entreprise devient Société Anonyme. Elle fabrique des montres bon courant et bon marché, y compris les boîtes.


Publicité de 1907 montrant les mouvements fabriqués par Léon Lévy et Frères au début des années 1900

Dans les années 1920, Léon Lévy & Frères produit une grande variété de mouvements, ancre et cylindre, de 18 à 8 ¾ lignes et au tout début des années 1930 on trouve mention d'une succursale aux Etats-Unis, à New-York sur Beekman Street.
L'entreprise produit alors une gamme de montres-bracelets sous la marque Rocail et quelques montres de poche sous la marque Darius. Les boîtes sont originales et joliment décorées, bien dans la mode des années 1930, ce qui s'explique sans doute par le fait que l'entreprise en maîtrise la fabrication.


Publicité de 1931. On y voit l'usine de Moutier, des mouvements de petites dimensions et des boîtes finement décorées.



Les ateliers de décolletage et de fabrication de machines de l'usine de Moutier en 1936.

Dès 1933 Léon Lévy & Frères dépose le brevet suisse n°172 127 pour une montre automatique dont la masse bouge parallèlement au mouvement. C'est une solution originale si on la compare au rotor de Rolex ou aux masses oscillantes à butée utilisés par de nombreuses autres entreprises. Elle subira de nombreuses améliorations et sera utilisée pendant plus de 20 ans par la firme de Bienne.


Brevet suisse de Léon Lévy et Frères pour une montre automatique, déposé en 1933

En 1935 les montres automatiques sont équipées de boîtes étanches et un brevet est déposé, n° 195382, sur un mécanisme d'embrayage de chronographe. Ce sera la naissance du fameux chronographe Pierce à un moment idéal, juste avant les Jeux Olympiques de Berlin. La montre nous est présentée dans la Revue Internationale de l'Horlogerie en 1936 : " Il manquait jusqu'à présent un chronographe bon marché qui, en dépit de ce fait, fonctionnât exactement. En raison de son prix à la portée de chacun, il doit être le collaborateur indispensable à l'entraînement de tout sportif. Le nombre des compétitions sportives officielles pour lesquelles des normes ont été fixées par les associations sportives n'est pas tel, qu'on ait pu se procurer les instruments coûteux nécessaires à leur chronométrage. Par contre, les chronométrages individuels, absolument indispensables à l'entraînement, sont tellement nombreux, qu'un chronographe, accessible par son prix à chacun, ne répond pas seulement au désir du plus grand nombre des sportifs, mais peut encore donner une grande impulsion à la vie sportive d'une nation en multipliant les possibilités d'entraînement rationnel. C'est dans ce but que la Fabrique d'Horlogerie Léon Lévy et Frères S.A. à Bienne et Moutier, a lancé, a l'occasion des Jeux Olympiques 1936, son chronographe compteur Pierce, qui a été vendu l'an passé en très grandes quantités dans les cercles sportifs italiens."



Chronographe monopoussoir signé Tronador, c. 1936. Première version du chronographe Pierce, calibre 130.


Deuxième version du chronographe monopoussoir Pierce avec poussoir rond. Calibre 130, c. 1939.


Chronographe Pierce double poussoir, calibre 134, c. 1945.

"Quantités d'Américains, de Japonais, de Suisse, etc., utilisent cet instrument pour leur entraînement. Beaucoup d'entre eux et particulièrement de grands champions en ont reconnu l'utilité incontestable et ont fait part au producteur de leur admiration pour cette création. Entre autres, l'athlète japonais K. Son, vainqueur du Marathon aux Jeux Olympiques de 1936, écrit ce qui suit : "Mon opinion est qu'il est de la plus grande utilité et indispensable pour les performances sportives et le travail d'entraînement 2."

On notera que les techniques de marketing utilisées pour lancer le chronographe Pierce sont très en avance sur leur temps. C'est auprès des sportifs de haut niveau que la société se fait connaître pour ensuite utiliser leurs noms dans sa communication et user ainsi du phénomène bien connu d'identification, particulièrement efficace sur les jeunes consommateurs. Dans cet autre description de la montre, publiée en 1937 dans le Journal Suisse d'Horlogerie, il est également fait mention de l'utilisation de noms de sportifs célèbres : "Lancé sous le nom "The 4 in 1 watch 8" (ce qui peut se traduire par : 4 montres en une) le chronographe Pierce est destiné au gros (sic) public. En effet son prix avantageux, obtenu grâce à une construction spéciale où des embrayages remplacent, en partie, les engrenages utilisés en général dans les chronographes, le rend accessible à tous. Il permettra au grand public qui ne peut pas toujours acheter un chronographe de prix, de se familiariser avec les avantages qu'offrent ce genre de montre, et de s'habituer à compter avec la seconde et les fractions de seconde. Aujourd'hui le chronographe est de plus en plus utilisé par la jeunesse sportive et dans les industries, pour le contrôle du travail. La montre Pierce trouvera d'autre part de nombreux acheteurs dans les armées. Comme le montre notre illustration, sa présentation est très attrayante. L'étui qui porte le nom de quelques champions sportifs bien connus, contient également un prospectus donnant des instructions très précises pour l'emploi de cette pièce 3."


Chronographe Pierce présenté sur sa boîte comportant la signature de sportifs célèbres à l'époque.


Publicité de 1936 où l'on peut voir la première version du chronographe Pierce.


Publicité de 1942.

Le succès du chronographe Pierce est considérable, au point que même si des marques comme Admirable ou Tibet sont parfois utilisées dans les années 1930, dès 1939 la société devient Manufacture des Montres et Chronographes Pierce.

Les premiers chronographes Pierce sont des modèles monopoussoirs avec un poussoir rectangulaire à 4h. En 1939 apparaît un modèle double poussoir à poussoirs ronds, le poussoir rond pouvant alors être utilisé occasionnellement pour des modèles à simple poussoir. En 1943 le chronographe sera doté d'un nouveau boîtier aux anses plus fines et plus longues.
Les mouvements utilisés sont le 130 pour la version monopoussoir et le 134 pour la version double poussoirs. Ce sont des calibres manufacture de conception simple et robuste, à roue à colonne et à embrayage par friction.

L'autre succès de Pierce est sa montre automatique. Une description en est donnée en 1944 dans le Journal Suisse d'Horlogerie :
"La montre-bracelet PIERCE - AUTOMATIC se remonte d'elle-même au moyen d'un mécanisme breveté dont la simplicité est garante d'un fonctionnement certain.
Contrairement à d'autres systèmes, le mouvement est fixé dans la boîte et ne peut pas bouger. Il est remonté au moyen d'un contrepoids conduit par deux rails cylindriques. Ce contrepoids glisse aussi librement que s'il était monté sur des billes ou s'il tournait autour d'un pivot, mais n'est pas aussi délicat que ces deux derniers mécanismes.
Le contrepoids est tenu au moyen d'un ressort dans une position telle que le moindre mouvement dans un sens ou dans l'autre l'oblige à glisser, donc à remonter la montre. Quelques légers mouvements suffisent à mettre la montre en marche, et après avoir été portée quelques heures au bras, elle se trouve entièrement remontée, ce qui correspond à une réserve de marche de 40 heures environ. Une surtension du ressort est évitée par un embrayage à friction simple mais sûr. La mise à l'heure des aiguilles se fait comme à une montre ordinaire au moyen d'une couronne. Le mouvement pare-chocs avec son système de remontage automatique est emboîté dans une boîte imperméable et de ce fait isolé des influences extérieures, ce qui garantit une marche plus régulière, plus sûre et plus durable 4."


Exemple de montre automatique Pierce, c. 1950


Le calibre automatique Pierce. Illustration de 1953.

En 1952, W. Anderes, Directeur technique de Pierce présente en détail les avantages de cette montre :
"Comme on sait, dès l'époque de Marie-Antoinette, les artistes en horlogerie, MM. Perrelet, Perret-Jeannerel et Breguet, ont créé les premières montres automatiques. Mais il a fallu la montre-bracelet, agitée par les multiples mouvements du bras, pour donner au système automatique son champ d'application.
Bien que le premier brevet suisse pour un dispositif automatique de remontage ait été délivré en 1889, c'est seulement en 1923 que Harwood a déposé le brevet d'une montre-bracelet à remontage automatique, de construction moderne, pouvant se fabriquer en série : ce brevet a donné l'essor définitif à la montre automatique.
Le système de remontoir Breguet à rejeté dans l'ombre l'ancien système de remontage de la montre au moyen d'une clef. La montre-automatique saura-t-elle faire oublier la montre à remontage manuel ?
S'inspirant des pédomètres, beaucoup d'inventeurs ont adopté le système de la masse pivotante. Afin d'augmenter l'angle d'action, il a fallu placer l'axe de pivotement au centre du mouvement, où sont déjà superposés canon, chaussée, pignon de centre, pignon de seconde au centre avec leurs paliers.

Deux systèmes pivotants se sont développés :
1. Système à masse oscillante limitée à environ 120-150°.
2. Système à masse rotative (rotor) sans limite, à 360°.

Les deux constructions présentent l'inconvénient d'augmenter la hauteur du mouvement et de provoquer l'usure plus ou moins rapide des pivots et des coussinets de la suspension de la masse oscillante. Certaines maisons ont partiellement paré à ce dernier inconvénient en fixant un bras flexible à la masse mobile, permettant au contrepoids, lors d'un choc, de frotter à la platine ou au fond de la boîte.
D'autres inventeurs ont choisi le mouvement rectiligne, en utilisant des billes ou des bielles.
En 1933, «Pierce » a déposé deux brevets du guidage de la masse mobile par deux colonnes, en se basant sur le système appliqué dans la construction des blocs à colonne.
L'avantage indéniable de ce dispositif réside dans sa grande solidité aussi bien à l'usure que lors de chocs (les colonnes servent alors d'amortisseurs de chocs). Le dispositif permet en outre d'éliminer les inconvénients du pivotement au centre et de construire des mouvements extrêmement plats, plus facilement qu'avec les autres systèmes connus. Cette construction garantit une grande sûreté entre les mobiles, ce qui facilite le travail aussi bien du remonteur que du rhabilleur.
La masse très lourde entoure tout le mouvement et utilise toute la place disponible, ce qui permet la construction de mouvements automatiques pour boîtes de forme aussi bien que pour boîtes rondes. Le système de suspension triangulaire, avec points d'appui très éloignés les uns des autres, garantit un déplacement mathématiquement plane et une suspension simple et robuste, appréciée des rhabilleurs.
Un ressort antagoniste assure la suspension labile de la masse, de sorte que la montre se remonte an moindre mouvement du bras. Le mouvement rectiligne de la masse est transmis à la première roue de démultiplication par une crémaillère.
La montre automatique «Pierce» est munie d'une bride de friction et correctrice spéciale très efficace, d'ailleurs brevetée, et permettant au ressort de glisser régulièrement, à la moindre surtension, en garantissant une réserve de marche de 36 heures. Cette bride, rivée au ressort de barillet, permet — lors de l'estrapadage — d'enrouler les deux pièces comme un ressort ordinaire.
II est évident qu'une montre automatique ne se remonte d'elle-même que lorsqu'elle est portée par des personnes ayant un minimum de mouvements. Quand on ne la porte pas ou en cas de maladie, on peut également la remonter à la main. Un dispositif ingénieux avec pignon satellite embraye ou débraye l'un ou l'autre rouage de remontage.
La montre automatique Pierce est réalisée avec seconde au centre (brevetée "Pierce ") et exécutée en 17, 21 ou 25 rubis, balancier monométallique, spiral auto-compensateur qualité I, antimagnétique, protection contre les chocs "incabloc ", dans des boîtes étanches, de fabrication « Pierce », contrôlées à 6 atmosphères, de construction spécialement plates et élégantes. 20 ans d'expérience dans la construction des montres automatiques ont permis à « Pierce » de réaliser ce système perfectionné qui, dans l'application pratique, s'est révélé sûr et précis. Les montres « Pierce », distribuées par son organisation mondiale, jouissent d'un renom universel 5."

En 1948 la société se présente désormais sous le seul nom "Pierce".
Les années 1950 sont des années fastes pour Pierce. Elle poursuit sa fabrication de mouvements de différentes tailles et obtient pour la première fois en 1950 un Bulletin de Marche pour un calibre de 5 ¼ lignes.

En1952 apparaît une petite montre avec calendrier complet et phases de lune. Par rapport à la concurrence c'était un peu tardif. EbauchesSA fournissait depuis 1945 à tous les établisseurs des calibres avec calendrier, avec ou sans phases de lune, et des marques bien connues comme Omega ou Record avaient déjà développé leurs propres modèles.


La montre calendrier Pierce de 1952.

En 1953 le signe π (pi) apparait au dessus de la marque Pierce et en 1955 c'est le lancement du modèle Correctomatic. Il nous est présenté dans le Journal Suisse d'Horlogerie de la même année :
"Pierce S.A., Bienne, présente à la Foire de Bâle une importante nouveauté, la montre Pierce-Correctomatic (système breveté).
II est bien connu que toute montre, et tout spécialement lorsqu'il s'agit de la montre-bracelet, même réglée en fabrique ou par l'horloger au plus près des possibilités, est susceptible de différences de réglage lors¬qu'elle est portée. Ces différences de réglage dépendent de la personne qui la porte, des conditions dans lesquelles elle est utilisée, des mouvements plus on moins fréquents et violents de son propriétaire, de la position de repos durant la nuit, du climat, des changements de température et de saison, de l'épaississement des huiles, etc.

Le système Pierce-Correctomatic permet à chacun :
1. de mettre sa montre à l'heure exacte (minute et seconde) au moyen d'une simple pression sur un poussoir à l'ouïe d'un signal horaire (téléphone, radio, etc.)
2. Sans avoir recours à l'horloger et sans ouvrir la montre, d'apporter à son réglage les corrections nécessaires et précises adaptant celui-ci aux conditions d'utilisation de la personne qui la porte. Cette adaptation instantanée a lieu par le seul fait de mettre la montre à l'heure au moyen d'un poussoir, corrigeant ainsi automatiquement un écart éventuel du réglage 6."

Un an plus tard, en 1956, l'entreprise innove à nouveau avec une montre-réveil originale puisqu'elle peut au choix sonner ou vibrer. C'est le modèle Duofon, ainsi décrit : "Le but de toute montre bracelet réveil est double : 1. réveiller ; 2. avertir ou rappeler à son porteur une certaine heure choisie par lui à l'avance.
Les montres bracelet réveils qui existent déjà ne répondent que partiellement à ces deux buts, car elles ne possèdent qu'un son unique ; celui-ci est forcément bruyant, afin de pouvoir être utilisé comme réveil.
Or, il est fort désagréable pour le possesseur, lorsqu'il se trouve en société (par exemple en séance), que tous ses interlocuteurs soient avertis en même temps que lui qu'il a limité son temps ou qu'il a autre chose à faire.
Pierce a trouvé la solution de ce problè¬me en créant une montre bracelet réveil à deux sons. L'un, cristallin et fort, pour être utilisé comme réveil ; le second, une vibration discrète, n'avertit que son possesseur.
A chaque usage qu'il en fait, le possesseur d'une Pierce Duofon peut, en tournant dans un sens ou dans l'autre le poussoir-couronne de sa montre, la régler sur le son « réveil » ou sur le son « rappel ».
Un guichet sur le cadran, en dessous du chiffre 6, indique par sa couleur rouge ou blanche, lequel des deux sons est enclenché.
Le mouvement, d'une conception ultra-mo¬derne, est habillé d'une boîte extra-plate, de forme très élégante, en acier, en plaqué or ou en or, et d'un cadran soigné, heures facettées.
Le mouvement, entièrement conçu et construit par Pierce, a un diamètre de 30 mm ; c'est un mouvement ancre 21 rubis, Incabloc, antimagnétique, seconde au centre directe, réglé avec précision ; il possède deux barillets distincts pour le mouvement et pour la sonnerie, et des ressorts incassables ; un dispositif de sécurité ingénieux breveté empêche le déplacement intempestif des aiguilles lors de la mise à l'heure.
La sonnerie « réveil » est obtenue au moyen d'un marteau frappant sur un timbre disposé autour des ponts.
La vibration « rappel » est obtenue par la mise hors service du timbre. Cette mise hors service s'effectue en tournant d'un quart de tour la couronne-poussoir de réveil.
Les deux sonorités peuvent être instantanément arrêtées en pressant sur la couronne-poussoir de réveil, — elles sont libérées en tirant sur celle-ci.
Pierce a choisi un timbre dont le son clair « sort » facilement de la boîte, sans qu'il soit nécessaire de pratiquer des ouvertures dans celle-ci, ce qui permet de construire une montre 100 % étanche à l'eau et à la poussière.

La couronne de remontoir permet les fonctions suivantes :
1. En position normale (enfoncée). Remontage (en avant) du barillet du mouvement ; remontage (en arrière) du barillet de sonnerie. Les deux remontages peuvent se faire simultanément ou séparément.
2. En 2e position (tirée jusqu'au premier cran d'arrêt). Mise à l'heure de l'aiguille de sonnerie (en avant).
3. En 3e position (tirée jusqu'au 2e cran d'arrêt). Mise à l'heure des aiguilles heures et minutes.

Le mécanisme de mise à l'heure possède un dispositif de sécurité pour empêcher le déplacement intempestif des aiguilles. Ce dispositif entre en fonction entre la 2e et la 3e position (voir fig. B).
La transmission entre le rochet du mouvement et le rochet de la sonnerie est assuré par une couronne de renvoi, logée sur une bascule baladeuse qui se déplace d'un côté à l'autre selon le sens de rotation. La couronne de renvoi est ajustée à friction par un ressort sur le tenon de bascule, ce qui assure la pénétration correcte des engrenages en empêchant deux dents de se rencontrer.
Le canon porteur de l'aiguille d'heures possède 3 aspérités qui coopèrent avec 3 trous allongés, pratiqués dans la roue de déclenchement porteuse de l'aiguille de réveil. Cette suspension triangulaire garantit un déplacement plan du canon, permettant la précision de déclenchement de la sonnerie.
Les innovations techniques du Pierce Duo-fon sont protégées par des brevets suisses et étrangers 7."


Schéma du mouvement de la montre réveil Pierce Duofon, calibre 135.

Les années 1960 marquent le début du déclin pour Pierce. Les modèles automatiques et Correctomatic poursuivent leur carrière mais un seul nouveau modèle apparaitra en 1964 : le modèle Intercosmos avec jour et date. L'entreprise cesse de produire ses mouvements et survivra aux années 1970 avec une gamme de montres mécaniques simplifiées. Elle disparaitra au début des années 1980.

Aujourd'hui un site Pierce existe et présente une collection de montres plutôt banales fabriquées en Allemagne, probablement sur la base de mouvements d'origine chinoise. Pierce a donc rejoint, comme Nivada, Invicta ou Enicar, la triste liste des entreprises horlogères d'origine suisse qui s'étiolent, privées de leurs racines.


Publicité de 1964.

Remerciements : pour les illustrations, remerciements particuliers à Sébastien Chaulmontet, Klaus Zimmerman, Gerd-R. Lang, Christian Pfeiffer-Belli et Antoine Simonin. La plupart des documents d'archives ont été consultés au Musée International d'Horlogerie de La Chaux-de-Fonds grâce à la disponibilité et à l'amabilité de toute l'équipe du centre de recherche dirigée par Ludwig Oechslin, Nicole Bosshart et Jean-Michel Piguet.




  1. La Maison Léon Lévy & Frères SA, Revue Internationale d'Horlogerie, 1936, p.210 et suivantes
  2. Revue Internationale de L'Horlogerie, 1936, p.275
  3. Journal Suisse d'Horlogerie, 1937, 9-10
  4. Journal Suisse d'Horlogerie, 1944, p.239
  5. W. Anderes, La montre automatique Pierce, Revue Internationale de l'Horlogerie, 1952, p.32 et suivantes
  6. Journal Suisse d'Horlogerie, 1955, 1-2
  7. Journal Suisse d'Horlogerie, 1956, 1-2
  8. 4 pour : montre, chronographe compteur, tachymètre, télémètre